Art Happens

Sur la scène, nous voyons sept tabourets de piano, un pour chaque interprète. Une partition musicale d’une nature surprenante les attend. En 1975, Keith Jarrett remarque à son arrivée à l’opéra de Cologne que le piano sur lequel il doit jouer n’est pas le bon. Malgré son agacement, il entame une improvisation d’une heure, dont l’enregistrement deviendra l’un des albums les plus vendus de l’histoire de la musique classique et du jazz : The Köln Concert. Trajal Harrell adopte une approche délicate en associant le jeu de Keith Jarrett à quatre chansons mélancoliques de Joni Mitchell. Cette première collaboration avec l’ensemble de danse du Schauspielhaus de Zurich a dû tenir compte de la nécessité de limiter les contacts physiques pendant les répétitions. Drapés de noir, sur la pointe des pieds, Trajal Harrell et ses six comparses déploient leur propre forme de danse à la croisée de différents genres, mêlant le voguing à des influences allant de la Grèce antique au théâtre nô. The Köln Concert est tendre, vulnérable et dansant. Une performance post-corona qui, après la distance physique, se transforme en proximité.